La Cantariega[1]
Merci à Marie-Laure Bigand et Corinne Caignard
Là. Au point exact où rêver endormi et éveillé
se fond en une seule réalité,
sans temps, sans corps, sans géographie…
Voilà mon Aleph : mon temple, mon coin poétique,
mes notes écrites sur les touches du piano,
mes dessins sur le papier, mes pinceaux en bleu,
mes livres achetés avec les derniers centimes,
mon cœur précipité, mon ton en LA mineur
et les échelles de gris de mon graphite.
Tandis que je suis devenue l’écho du jazz
avec lequel les oiseaux m’ont annoncé que le deuxième hiver était fini
et que nous n’aurions plus à pleurer à cause du froid,
mon labyrinthe est devenu mon chemin.
J’ai parcouru un passage dessiné avec des petits caractères
qui m’a conduit au vol de la Pájarapinta[2].
Avec ses plumes d’ange et son cœur de rossignol,
elle a dicté les vers aux chansons de mon âme,
qui a été sa propre âme, qui a dicté mon âme,
en une âme unique jusqu’à fusionner dans l’esprit d’un seul monde.
(Si l’âme a des frontières comme la géographie,
que le soleil dessine la carte, et que le vent efface les lignes
pour que les rayons continuent à danser, à donner la chaleur et à tracer
les lignes
qu’on peut effacer avec un souffle chaud ou avec un arôme de café).
J’ai planté mon drapeau dans le courant de la rivière en déclarant :
« Au centre de la Terre vont mes racines et au soleil va mon
cœur ».
Mes bagages ont été lourds car j’ai pris mon histoire partout,
Ma vie tient dans deux valises et mon identité dans un passeport.
Aujourd’hui que je suis simplement moi-même
et que mes bagages ne sont que rêves,
rien n’est plus important que « maintenant »
et je sais qu’aucun feu ne peut éteindre la voix
dont le chant bleu proclame la liberté.
Chaque pétale est un don
pour l’essence de l'univers,
qui est la véritable patrie.
Fleurir… fleurir est un chant
Et chanter, c’est un acte d’amour.
Mon seul drapeau est celui
qui ne porte ni bandes ni boucliers
mais qui vibre grâce à l’arôme des fleurs du monde.
Vanessa Padilla